UN JOUR DÉBRANCHÉ 2021-03-06 Un jour débranché Il y avait un message sur WhatsApp qui disait « tu nous feras part de ton expérience et de tes sensations ». Que faire pour avancer, partager l'expérience ? J’ai déjà essayé et j'y ai trouvé une difficulté de communication. De là à dire que c'est ce qui pousse écrire, il n'y a qu'un pas. Est-ce que ça sert à quelque chose ? Un peu, parfois. Mais les situations se reproduisent rarement de manière identique. Nous nous adaptons en étant connectés presque en permanence, mais il y a des circonstances où il est difficile d'appuyer sur pause pour consulter la banque de données ou appeler un ami expert, façon jeux télévisés. Je vais me limiter à trois occasions qui me viennent à l'esprit. Branché, je ne l'ai pas toujours été, mais il y a eu une première fois pendant mon apprentissage. J’étais à l'école en Dordogne pour l'apprentissage du deltaplane, dans une période pré-fluo, pré branché, pré-parapente. Voler c'est bien, bien atterrir aussi. Il y avait un arbre fruitier, un pommier je pense, sur le terrain d'atterrissage ; mon approche se passait plutôt bien ; je surveillais l'obstacle de l'arbre du coin de l’œil, dans un virage élégant. Le coin de l’œil s'est assez vite transformé en plein cadre, et je me suis vu rejoindre les branches avec la sensation de ne rien pouvoir faire. Trop tard ! Ça se discute… mais quand il y a des bruits de bois cassé, ce qui amorti le choc, il n'y a plus faire le bilan des tubes tordus. Recul dans l'évaluation des compétences : revenez nous voir pour le brevet de pilote, avec une motivation et détermination non entamée ! Normal : j'ai appris que le regard emmène sur l'obstacle regardé. Alors qu'il faut fixer le point d'aboutissement désiré. L’erreur est en identifiée ; la correction est possible. Je remarque que les personnes très âgées regardent par terre juste devant leurs pieds ; peur de la chute par manque d'équilibre ? Il faut anticiper et voir loin devant, avec une large dose de philosophie, sagesse, sérénité… pas facile ! Et maintenant le sapin ! Il est très accueillant, si pas trop grand. Ses basses branches longues et riches en aiguilles souples en font un amortisseur qui absorbe généreusement l'énergie de l'intrus. Plus le décollage est plat, plus il faut courir vite pour que l'aile vous porte. J’ai toujours été un peu feignant, et très peu coureur à pied… un petit souffle taquin m'a soulevé l'aile gauche, mis en virage près du sol, et presque délicatement intégré dans le paysage végétal. J’avais emmené des amis pour leur faire une démonstration de la beauté du vol et de mes compétences ; ils ont pu m'aider à plier le matériel et à sortir des ronces. Mon ego a souffert. Je me méfie dorénavant des démonstrations de compétence. Mais je me suis encore fait piégé bien plus tard, sur une plage où il n'y avait pas d'arbres, à me faire rejeter en arrière en parapente. Me faut-il une cellule d’assistance psychologique ? Je suis grand maintenant, mais encore vulnérable. Parfois c’est l’erreur de jugement : fallait-il continuer tout droit, ou faire demi-tour ? Alors que je me trouvais trop bas pour atteindre l’atterrissage mon virage m’a fait perdre les trois mètres altitude qui m'ont mis les pieds dans les arbres. Le parapente pardonne mais fait chiffon dans la haute futaie. Châtaignier je crois… il faut varier les plaisirs et découvrir la flore, bien installé sur une branche élevée, dix bons mètres de tronc bien lisses sous moi, pour me dissuader de tenter une quelconque descente périlleuse. Prudence. Le téléphone portable a été mon ami ; ils sont venus avec corde, arbalète et expérience de montagnard, pour me tirer de ce mauvais pas, quolibets de circonstance, bière comprise, révision du matériel déchiré, et encore de l’Urgo sur l’ego. Je coagule assez facilement malgré tout. J’essaie de prendre de la marge, assez pour plusieurs bêtises. J’en d'autres à raconter, dans d'autres domaines également, navigation entre autres... Je continue de lire pour essayer de profiter de l'expérience des autres. « …mais la vie continue » comme dit Bernard Pivot. Partageons bonheurs, déconvenues… croyez-vous qu'ils vont repartir ? « Débranche tout ! ». Histoire de finir en chanson. Pascal Legrand Visiteurs : 354 Retour à l'accueil |