LA VERITE SUR LES ETOILES 2020-04-30



Pas celles de l'opéra, ni du cosmos, ni les stars du show. Je veux parler des vraies étoiles du sport qui scintillent au firmament paisible (paisible car tout le monde, ou presque s'en fout, vous savez certainement pourquoi). J'ai été obligé de faire des sacrifices pour les approcher ; j'ai dû perdre quelques kilos, me déguiser le mental en fonceur-gagneur avec des objectifs de vie, dont faire plus de 200 km en deltaplane, le vrai, le souple (flex), celui qui a des muscles, pas des spoilers de mauviette !
Quand "Ici Vole", feuille à scandale notoire m'a proposé un gros paquet pour m'acoquiner avec ces coquins, j'ai plongé sans bouteille. Dans le paquet il y avait beaucoup de polystyrène d'emballage et 2 noms : Jean Souviron et Frank P. Your mission est d'en faire le maximum. Dommage, C'est pas mon genre. Je fais plutôt dans la recherche de l'effort minimum, avec des vraies valeurs, une vie saine et équilibrée, un cigare, un apéro de temps en temps.
J'ai bien étudié "les facteurs de la performance", une conférence célèbre par tout formateur de compétiteurs (i.e. Ambroise Pouget). Commençons par le régime alimentaire, et plus généralement l'hygiène de vie. A la veille d'une bonne perf, Jean prend une voiture juste un peu vieille et se débrouille pour dormir dedans pas loin de chez moi, et arriver sans me réveiller, pour que je puisse voir ce qu'il mange le matin pour partir tôt. Il a l'air normal. Moi, j'ai plutôt besoin de sommeil et souvent je mange le midi. Je cueillais mes framboises qui donnent. Jean sautillait gaiement autour de moi en chantant "ça va être bon, on y va".
Avec Frank P., il faut partir tôt aussi ; des fois c'est même trop tôt pour moi. Et lui je l'ai vu avec des sandwichs pire que ceux de la SNCF.
Ce jour de juin, je plaide pour quelque nourriture. Au magasin "Spar" de Lathus, je piège Jean ; j'ai la recette, c'est moi qui l'ai faite : une boite de Figolu, un Yop banane (il avait pris fraise. J'ai changé. Ça n'a pas l'air important), des rochers noix de coco, une tablette de chocolat-noisette. Finalement, il n'a pas pris de Figolu. Mystère.
Frank P. a essayé de manger une de mes bananes avant de décoller, avec son nouveau casque intégral. No comment.
J'ai mon sac à eau avec son petit tuyau ; pour la vidange, c'est pantalon braguette bouton. On ne pense pas à tout. Frank s'est déjà posé 2 fois pour cause de blocage. Je vous l'avais dit "Toute la vérité".
J'ai décidé de faire du remorqué car Frank n'en fait pas encore. En allant à Montmorillon avec Jean, plutôt qu'à St Sulpice avec Frank, j'ai une chance de les piéger tous les deux, mes recordmans de site. C'est une vieille histoire. Jean - 268 km de St Sulpice ; Frank - 240 km en Atos (180 en delta). Petit bras. Un mouton est en jeu. Frank a du gazon à tondre. Jean veut le faire aux pruneaux. Je résume : c'est plus facile de partir en remorqué derrière Antoine, le remorqueur de l'extrême.
C'était la vraie journée, le bon timing. Les cumulus qui arrivent en même temps que toi et montent, un peu en même temps. Conditions homogènes, petits points bas, petites frayeurs, petits plafonds de 1000 m le matin à presque 1800 m le soir à Cahors.
Perdu dans la brousse d'un terrain d'aviation à l'autre, passant d'une rivière comme à un château connu, Jean parti devant reste devant. Il me fuit. Frank silence radio. Dur métier. Décollage à l'heure de l'apéro. La Gartempe, les monts de Blond, l'usine de papier à Saillat, les lacs de Charente, Périgueux et son aéroport, la pompe finit par passer de l'est à l'ouest de l'ombre du nuage. Le temps passe dans les muscles. Jean est au Bugue. Moi, aux Eyzies. C'est joli. Je me dis que je le rattraperai à la fin. St Cyprien, Beynac, Castelnaud et la Roque-Gageac. Les herbes dans la rivière. Les bateaux. Je fais du tourisme. On s'y poserait, à Domme, par exemple, belle piste. Mais le sol est moucheté d'ombres éloignées. 17 h et 5 heures de vol. Encore un peu. 18 h. encore un peu, il y a une autre rue à gauche. Petite vallée, ravine au soleil. Je fatigue mais je comprends tout. J'ai même été assez longtemps tout droit sans tourner. Juste 100 m de temps en temps. C'est là que le plafond est le plus haut, que la finesse est la meilleure, aux pays des pruneaux, ou presque. Justement, voilà le Lot, la rivière. Narbonne ou Biarritz, ce sera pour plus tard. Belles falaises, beaux villages. Je remonte vers l'Est. Champs posables.
Le vario dit 7 h 15 de vol. Nous posons à la même heure. Accueil trois étoiles pour moi. Douche et apéro pour l'odeur et la soif. Ai-je rempli ma mission ? Je me suis rapproché des étoiles. Largué une pompe derrière. J'ai fait ce que j'ai pu avec Jean. En plus j'ai une recette pour arrêter de fumer. Décidément le vol libre des plaines se porte bien. Le rire de Jean confirme que la vie peut être rigolote. Les stars restent devant, mais en étendant les bras je pourrais presque les toucher. J'en entends qui se moquent en disant que je n'aurai pas les bras assez longs. Je vais mettre mes lunettes pour me relire, et mener une vie d'ascète (A7) pour un jour faire la fête. Objectif. Mission. Vérité. Valeurs. Dommage qu'on ne puisse pas être élu dans les étoiles.
Finalement, je n'ai pas pu sauver le mouton du méchoui. Frank 270 km (Atos) posé à St Afrique. Jean 304 km, Realmont (vers Albi) (ww fusion).
Pascal, le narrateur 245 km à Calvignac (Cajarc) (laminar ST)


Pascal Legrand

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