NAUTE EN LIQUEUR 2016-10-30


J’ai vu des arcs en mer à l’horizon des poissons verts ;
Dessous passaient nonchalants les rorquals pesants, les raies ailées,
Et des calamars ondulant.

J’ai sombré de mélancolie, perdu dans des pétoles lacustres,
Rêvant d’ondes porteuses de seins arrondis, de chutes voilées exotiques,
Dévalées d’écume blanche, cascades légères suspendues aux falaises.

Alors que je suis ébloui par le soleil bas
Sur l’eau d’argent fondu, aveuglante lumière,
Que puis-je faire ? J’avance au rythme de mes bras,
Un œil vers les pêcheurs sur berge, leur pliant criant de couleur.
Feuillage d’automne en braise et jaune intense,
Branches tombées des tempêtes passées à la dérive,
J’oublie le Léthé, les passeurs et les rives.
Je vogue dans les sous-bois clairsemés, buse variable rapide,
Vers les guinguettes des canotiers buveurs
Vers les reflets de verni, acajou, hickory, cèdre rouge
Aux teintes de peaux d’indiens iroquois en canoé ;
Les scalps sont accrochés aux totems, aux fumoirs, aux séchoirs.
Des visions d’esquimaux évanescents, de phoques batifolant,
Vibrent sur les flots où naissent des fils du vent, petits souffles,
Fils de la vierge sur les roseaux des marais.
Les échassiers figés guettent leur proie.
Les anguilles tortillent leur corps gluant, lisse de vase.

Le temps passe en photons pressés, fantômes dorés.
N’est-ce qu’un instant d’esprit d’alcool évaporé,
Expansion de compression passagère qui erre en algorithme égaré ?


Pascal Legrand

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