MEANDRES 2012-12-13 Les haleurs ne sont jamais à l’heure A cause des chaleurs et des sueurs Qui coulent sous l’effort Au pied du fort ; ils sont forts Ils tirent la barge vers le large. Ya les couleurs des voyelles qui scintillent La peau des paumes qui fendille Sur les cordelles des forçats Ils savent qu’ils sont là pour ça. Sur le cabestan l’amarre se tend Le temps ne tient qu’à un fil Sur les vergues le vent attend Avec raison les lourdes cargaisons, Senteurs de muscade et cannelle, Ou de sang, d’esclaves, de poudre à canon. Aux fers rouillés des cachots de pierre, Sur les pontons pourris vert de gris, Grisés par des alcools ambrés Les gardes chiourmes rêvent à de voraces crocodiles Aux yeux rubis, émeraude, ou azur des lapis-lazulis. Ils contemplent des girafes sveltes et des idylles noires chaloupées Aux ports altiers ; ils boivent dans les calebasses Et dans les cales baisent les condamnées. Bientôt l’étale et la renverse. Laisse l’estuaire Se taire. Pascal Legrand Visiteurs : 227 Retour à l'accueil |