INSTRUCTIONS DE PARCOURS 2012-10-21



Sortez du col et suivez la route dans la plaine.
Vous arrivez à une fourche. Prenez-la et travaillez sur le tas de fumier dans le champ des possibles afin de préparer la litière des vaches. L’étable bientôt prête, il ne restera plus qu’à manger et boire un peu pour la route. Méfiez-vous du petit dernier et du dernier virage qui referme. Si vous freinez brutalement sur les gravillons vous risquez un écart à la patte d’oie, et un coup dans le nez, dans le pare-brise cette fois. Sept fois sur le billot remettez votre ouvrage.

Franchissez le pont et la digue.
Evitez les fantômes, les boites à musiques, les serpents écrasés, les caisses à savon, les punaises de tapissier. Tout ceci fait crever, de peur, de nostalgie, de rire et si c’est à proximité de la valve, c’est difficile pour la rustine. C’est inéluctable, mais réparable de façon fiable. Une fois la roue remontée et vous aussi, continuez en suivant les panneaux. L’itinéraire a été fléché par notre seigneur (des panneaux), et il t’emmène plus près de toi. On peut se tutoyer maintenant qu’on se connait mieux. Surtout toi. Ce travail sur toi nous rapproche car j’ai eu pas mal de tuiles dans ma vie. Mais évitons les dérives faciles. Gardons le cap.
Tournez à droite.
La voiture et toi, je veux dire. On forme une équipe. Epique aussi : c’est une histoire qui mérite d’aller quelque part, mais en aurais-je le temps ?

La piste est balisée. Il y a des piquets avec des bouts rouges. De la peinture jaune, des grilles métalliques pour l’écoulement d’eau, et aussi pour empêcher le bétail de passer. Il faut rappeler qu’il peut y avoir des dangers imprévus. Un chameau, un moineau dans le radiateur, une bouse. Pourvu que la rustine tienne. Les colles ne sont plus ce qu’elles étaient.

Reste l’école de la vie qui ne nous lâche pas. Et là, je vois bien que ça va commencer à monter. Respirez, soufflez, changez de vitesse, de braquette (sic) dans le moyeu, et tout appareil électronique indiquant le dénivelé positif va se mettre à émettre des bips, plus ou moins intensifs et rapprochés pour signifier un changement d’altitude. Fini le long fleuve tranquille. La courbe de niveau sera votre amie.

Je vois après l’épingle une borne kilométrique sur laquelle je vais pouvoir m’asseoir. La raréfaction de l‘oxygène. Il faut que je vérifie l’alimentation du GPS. Je trouve qu’il me donne des indications un peu fantasques parfois.
Peut-être que je n’aurais pas dû sortir de mon plein gré…


Pascal Legrand

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