TOURNEUR 2012-10-07


Je suis surpris de voir qu’on cherche à nous induire en erreur. Je ne suis pas paranoïaque. C’est indéniable. Il est clair que nombreux sont les humains qui s’engagent dans la voie de la quête du centre, et c’est tout à fait légitime.

Il faut alors parler de méthodologie, de terminologie et de définition. Comment trouver le centre si on ignore où se trouve la périphérie ? La recherche du grand tout est donc forcément associée à la progression; sinon pour une connaissance intime, du moins pour une approche conceptuelle de la notion. C’est déjà beaucoup, car comme son nom l’indique le grand tout est grand. Ses bords sont très éloignés, voire fort proche de l’ailleurs.

C’est aussi pourquoi je suis étonné d’entendre parfois évoquer la force centripète. Dans le cas qui nous concerne, c’est bien sûr la force centrifuge qui va s’opposer à notre rapprochement du centre. Je sais de quoi je parle car je passe une partie de mon temps à tourner. Plus ou moins en rond, plus ou moins rond, sans pour autant avoir bu.
J’habite une galaxie spirale, donc il y a moultes rotations, à commencer par celle de notre ADN. Il est normal de ne pas vouloir se faire éjecter et d’être attiré vers le centre, que certains ont même pris pour Dieu, l’être suprême ou le néant…selon les croyances, religions, époques, ères et autres aléas de l’histoire. Il y a même eu des hérétiques (suisses, presque toujours) qui ont pensé que le centre pouvait être sous terre, alors que de toute évidence, il est dans les airs car il lui faut de l’oxygène (O) et de la place pour pédaler sur le véloptère (humour).

Les colonnes d’air chaud montent de façon irrégulière, le centre un peu plus vite que les bords, d’où l’intérêt de serrer les virages. Il y a une limite à l’inclinaison souhaitable pour obtenir le meilleur rendement. Ainsi, cette idée de centrer l’ascendance est plus un désir que la nécessité de toucher du doigt (de la main) un point au demeurant un peu théorique et surtout très fluctuant. Je vous renvoie à la spirale. Le centre suit en fait une trajectoire, une ligne qui est à l’occasion sinueuse et erratique. Nous sommes donc poussés vers l’extérieur par la giration tout en visant le noyau.

Existe-t-il dans ce cas une précession gyroscopique, phénomène qui comme chacun sait, fait que le boomerang retrouve un angle qui le stabilise et le fait revenir, selon la force du vent, l’inclinaison de départ et l’habilité du lanceur. Même si le cercle n’est pas parfait, on peut lui chercher un centre, mais il semble être un peu éphémère.

Ne sommes-nous pas semblables à ces électrons autour de leur atome. Nous trouvons le centre hors d’atteinte, et si nous nous échappons, la collision est inévitable. Le centre est très attachant. Il faut l’imaginer voyageur, subissant d’autres attractions mystérieuses venues d’isotopes voisins, car sinon le voyage risque d’être long (comme l’odyssée de l’espace). La soute, la cambuse devront contenir quelques provisions et quelques distractions, qui ne peuvent nous faire tourner la tête, car nous tournons déjà (une orbite multiple, avec des idées en carambolage). Contrôler l’inclinaison du virage. Gare aux gravillons et aux dérapages. Il est des tangentes (et des points de corde) qui impliquent des cercles dont il est parfois préférable d’ignorer les intentions ; tant il est vrai qu’il faut parfois se ménager une échappatoire.

Savoir si le tout-droit mène à la fin ou non est une autre histoire. Assurément à un moment il rapproche du centre, mais requiert de toute évidence une maitrise du freinage.

Dans le nord de l’Europe il y a ce tourbillon qu’on appelle maelström. Il vous engloutit comme une aspiration de trou noir. Méfiez-vous de l’eau, de sa force centripète. Méfiez-vous de la cuvette, de son sens de rotation, de la force de Coriolis. Le centre a parfois des raisons que la raison ne saurait voir, et des tuyauteries trop complexes pour l’esprit humain. Elles se bouchent périodiquement avec quelques désagréments, pour donner lieu à des problèmes de robinets de débit, d’écoulement laminaire…. Et au fond le trou.

Dans ces cas-là, il faut fuir le centre, l’orage, la colère divine (heureux lecteur qui a lu divine). La réalité rattrape la fiction, et la dépasse dans le dernier virage pour se précipiter vers le drapeau à damier. Traditionnellement, ceci signifie la fin, et centre ou pas, je ne vois pas de raison pour poursuivre mon effort, alors que je ferais bien une petite pause. Je vais donc m’arrêter ici.
Sur le bord.


Pascal Legrand

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