QUELQUES RENCONTRES 2009-08-28 L’été est propice à la promenade et aux découvertes en extérieur. Et quand je m’allonge sur mon vélo … ben oui, j’ai un vélo divan qui me permet de me sortir l’esprit, afin qu’une fois le rythme de pédalage installé et régularisé, l’imagination puisse s’échapper un peu, confortablement. C’est divin. Je vous raconte sobrement et sans abuser En fait, il s’agit autant de signes que de rencontres. Je ne suis pas certain que tout le monde ait la même interprétation. J’hésite parfois à demander à mes camarades de route. J’ai bien conscience du coté idiosyncrasique de l’affaire, sans parler du poids du dictionnaire, pour les références et les vérifications. Larousse ou la blonde ? C’est noir et blanc pour la cigogne du marais qui me coupe la route en planant. Je laisse tomber le coté baluchon et naissance dans le bec, et je retiens le coté voyage (vers le sud de préférence). Je me dis donc que moi aussi je vais passer l’hiver au soleil, si je pédale assez longtemps. Migration. Viennent ensuite quelques villages au milieu des champs (moissonnés pour les blés). en haut d’une légère montée je vois traverser une chatte suivie de trois chatons qui font un aller-retour vers un champ de mais. C’est le petit roux qui est le dernier. Va-t-il devenir un matou énigmatique à la Lewis Carroll qui me regardera passer à l’avenir d’un œil interrogateur. S’agit-il d’une battue au mulot féline ou d’un remake de la mort aux trousses d’Hitchcock, Je n’entends pas encore le bruit de l’avion. N’allez pas croire que je suis un spécialiste de ses films. C’est juste que je roule un peu le nez en l’air. Je vois les oiseaux, mais c’est pour apprécier le vol erratique du busard saint martin, le stationnaire de l’émouchet, l’inconstance du vanneau. Sauf que là, ce sont deux corbeaux qui font de la voltige comme les chocards savent le faire, et un troisième un peu bizarre, un peu gris et sur la tranche. Perspective, effet d’optique, éloignement. Un instant le jet militaire a changé d’univers (ou d’unigris). Intrusion dans un monde de joueurs ? (le multivers). Il a fui dans un grondement, me laissant à une intersection, ou finalement je suis resté les pieds sur terre, un peu sur le cul peut-être, déclipsé comme ils disent. Je ne suis pas habitué à cette proximité de la mer, que l’on sent mais qu’on ne voit pas au milieu des champs. Au détour d’un virage, il y a trois gros goélands au milieu de ma petite départementale. Etrange regard je leur dis qu’il vaut mieux « être petit et rapide » que goéland, mais ça ne les fait pas rire. Les élégants charognards s’envolent lourdement. J’aime mieux les vautours Je cherche un message et ne trouve rien. Pas de serpent écrasé, de chouette assommée ou de lapin aplati. Je continue ma route, abrité par les roseaux inclinés par la brise légère… Je pourrais aussi bien ramer, sauf que le cercle du pédalier est un peu différent de l’effort à la pelle. Je pourrais voler ? A la pale d’hélice ? Le cercle et la ligne droite vont-ils se rencontrer ? Image de bielles de locomotive à vapeur. Homme bionique. Pas trop quand même. Derrière ses motards, un gros catamaran habitable passe à toute vitesse sur une remorque. La route est droite, c’est une ancienne ligne de chemin de fer. En kayak, j’ai aussi croisé des camping-cars sur une passe. Ce monde est sans frontières naturelles. Il y aura bientôt un terre-neuve au col du Grand St Bernard, des autruches et lamas en Périgord, et des phoques dans le canal du midi. Devant moi une monstrueuse moissonneuse sautille sur ses pneus géants. J’hésite à passer dessous « New Holland », c’est la marque. Je vois les grands espaces de l’ouest, les pionniers. Je me gare sur le bas coté. New Amsterdam, New York. Non, finalement. Je reste sur le vieux continent. Un continent… tiens donc, ça me rappelle quelque chose. Une seconde machine tracte une remorque avec quelque chose qui ressemble à une énorme vis sans fin. Encore des histoires de mouvement. Pourquoi est-ce que je pense à un pressoir. Une petite soif ? Un petit rouge coup de soleil… La buse perchée sur les bottes de foin empilées me surveille comme du haut d’un donjon de château fort. Gare au gravillon. Vigilance niveau 3. Les ragondins creusent les berges des chenaux. La terre craque sous le sabot d’un cheval. Il me semble entendre les mandibules d’un insecte silvophage (sic. Il a fini son loto) qui ingurgite des sèves séchées au goût de sorbets menthe. J’ai même vu des ragondins albinos empaillés, dans un espace nature financé par des chasseurs soucieux de l’équilibre écologique. Je peux le prouver, même si j’étais un peu déshydraté. Je reclipse. Il faut encore que je rentre à la maison, et sans perdre les pédales. Pascal Legrand Visiteurs : 350 Retour à l'accueil |