ANGE DES CHU 2009-02-15 Tout le mode sait bien que c’est la crise. Tout le monde en parle. Comment va-t-on en sortir ? Vous préférez la crise-relance, la crise-chomage, la crise de ceci ou de cela ? A force, je me suis dit : faut pas que je reste là sans rien choisir, et j’ai pris la crise cardiaque : mais attention pas juste comme ça, je l’ai pris à l’insu de mon plein gré comme dit notre ami, qui vous le notez, faisait lui aussi du vélo. J’ai mis de coté petit à petit dans les artères, afin que mes dépôts me rapportent le moment venu. Les intérêts s’accumulent sans qu’on s’aperçoive de rien. « I love les Artères ». Mais bon, je n’allais pas me les passer au karcher non plus. Au vu donc de mon électro, j’ai droit à l’écho. Ça résonne et je rejoue, je passe à la case coronaro. Et là, je tente le super bingo. J’ai droit aux lumières et à la samba, mais finalement, j’en reste là. Deux à trois minutes de massage cardiaque sur une table d’opération. L’homme qui revient du couloir de la mort. Je ne suis pas le premier, ni le dernier. Je vous conseille un bouquin de Philipe Labro ( la traversée). Personnellement, le genre tunnel profond avec lumière blanche au bout, ça n’a jamais été mon sujet de discussion favori. Pour cette fois je ne sais pas si j’ai vraiment eu mon ticket d’entrée au club, mais j’ai quand même vu la poinçonneuse. Vous aimeriez bien que je vous raconte ce qu’il y a de l’autre coté du quai de la gare ? Pour acheter ma parole, il ne reste que l’alcool, et encore avec modération, alors ça va être long pour me faire parler (Bordeaux et Cognac de préférence). D’autre part, j’ai les noms de ceux qui m’ont inscrit pour l’examen neurologique, et à la liposucion, profitant lâchement de l’instant où je regardais ailleurs. Mais n’anticipons pas. De la connaissance vient la sagesse. Vous pourriez commencer par avancer doucement en travaillant le premier chapitre de mes œuvres qui paradoxalement sera intitulé « perte de connaissance, plaies ouvertes purulentes, seringues pendouillantes et petit comas sans conséquences. » . Chapitre 2 : naissance et connaissance… ? En attendant, je vais m’en tenir au présent, et à mon corps beau, perché sur l’arbre de la vie dont il aspire à cueillir les fruits sans se casser la figure. Oui, ça peut rappeler quelque chose. C’est un phénomène psychologique parfaitement connu qu’on appelle « déjà-vu », en anglais avec l’accent, et ainsi personne ne risque de vous prendre pour un cheminot entré dans une réception chic par erreur. Voilà, c’est fait. Je vous dois une explication : à cause de toutes ces histoires de tunnels, de quais de gare et de grand départ, je suis tenu d’écrire le mot « cheminot » au moins une fois dans chacun de mes récits, faute de quoi, il y a grève. C’est du racket en quelque sorte, mais c’est comme ça. Ils me tiennent. Donc du haut de mon perchoir, je ne voulais pas choir. La peur du vide et du grand trou noir probablement. Et pourtant je chu. Mais il y a des épreuves préliminaires qui qualifient pour le grand saut. Numéro un : le compagnon de chambre. Vous serez testé par confrontation avec un bavard impénitent atteint de logorrhée diarrhéique lente mais infinie. Le Styx nouveau est arrivé. Rien ne vous sera épargné. Il connaît David Douillet, qui est costaud, Patrick Sébastien, à qui il a même parlé (« c’est un copain ») et tant d’autres. Toutes ses phrases ou diatribes se terminent par « on est d’accord, non ? ». Ou bien « Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais moi… » Ou bien « C’est pas votre avis ? » J’ai eu la leçon sur l’art d’écouter qui apprend beaucoup plus que de dire n’importe quoi quand on ne sait pas. « C’est pas vrai çà ? » j’ai eu les excuses : - Je suis trop bavard ? - Hum, hum… - Je vous empêche de dormir ? - Hum, hum…. Derrière le rideau, la voix reprenait bientôt - Qu’est ce que vous en pensez, vous ? - Je crois qu’il faut que je dorme un peu… - ah oui excusez moi…. C’est vrai que je parle trop… » .Et ainsi de suite jusqu’à la fin des temps. Bon, c’était peut-être moi qui n’était pas très sociable, sous l’effet de l’anesthésie partielle, mais quand même… Ensuite, je me suis trouvé dans le fauteuil-lit réglable, pour le grand voyage spatial, Vol 100R, lumière cligno, siège fenêtre-hublot, bip, ping, gonflement du bib de sauvetage, tension. pschitt, orange, pouf, pouf, rouge, rouge. Le robinet fait siffler les tuyaux. Pression des chaudières. Tchou tchou (En laï, cette fois, car c’est derrière le masque du chinois à la lanterne qu’apparaît Yllipé Cardozo, « de America del Sul » que je confonds un instant avec Long John Silver, alors qu’il vient proposer ses pilules à la fleur de lotus). Le vent souffle violemment comme dans les bons films d’horreur, à faire frémir l’esprit de Chateaubriand sur son grand Bé, lequel comme chacun sait n’est pas un petit vélo. Certains arbres tombent, vaincus comme des chênes qu’on abat, pour dégager la voie avant l’aiguillage. Je me concentre. Je regarde attentivement le pavé de bœuf limousin dans mon assiette. Puissent les cèpes qui ne l’entourent pas ne pas être de contrebande (chinoise). Puis-je pénétrer dans l’âme de la matière et en revenir intact ? Suis-je bien le même que ce petit être fragile dont le destin est suspendu à une ficelle à rôti chargée de mauvais cholestérol ? De la fibre à la matrice, de l’aiguille à la résine, nous cherchons liens, cohérence et résistances, pour finalement mieux profiter du courant que nous voulons croire favorable après la renverse. Champignons philosophiques à la grecque. Phoenix incinéré (Super Phoenix ?). Et le grand saut ? Me direz-vous. Et l’élastique ? : C’était un peu style « urgences et manga », mais aussi route de campagne et champ à muret de pierre. Zarbi. J’en vois qui ont du mal à suivre sur la voie d’arrêt d’urgence. Ils slaloment entre les bornes kilométriques ou téléphoniques, entre les petits bonshommes mécaniques qui agitent leurs bras raides et leurs petits drapeaux. Voie de garage ? Allegro. Accélérer ou ralentir ? Il y a des lumières à l’horizon artificiel qui clignotent sur un bout de piste virtuel. Monter, descendre. Rouge, orange, vert. Un petit coup de kaléidoscope. Pixels en salade, et tirage au sort des lumières gagnantes. Mises au point de la longue vue, qui se révèle être la jambe de bois de long John Silver. Peut être vais-je me rapprocher de l’île au trésor ou du repaire du capitaine Némo ? Changement de décors. Cette musique n’est elle pas seulement le chant de la dune, ou celui du vent dans les calcaires dissous des cathédrales ? L’éclat des orgues polies et scintillantes s’élance vers l’éther. Mettez vos lunettes, vous entendrez mieux. C’est un peu vague, mais vu mon état à ce moment là, il parait normal que j’ai laissé de coté quelques détails. Mettons que la table d’opération soit une piste de porte-avion, donc pas tout à fait dans l’axe du bateau. Le chasseur descend sans trop de droit à l’erreur pour crocheter le câble qui va l’arrêter. Tous les films vous montrent ça en gros plan. Si le croc manque le câble, il faut remettre les gaz immédiatement. Il ne faut pas manquer l’athérome, pour s’arrêter : la plaque bloque tout, comme une pierre tombale. Vaste néant marin autour, et de multiples autres mondes possibles, aériens ou sous marins. Allo la tour, allo la terre, je vais refaire un passage à basse altitude, vérifiez si le train est bien sorti (voir ci-dessus les problèmes de grève ferroviaire), jetez aussi un œil sur la pression des pneus et sur les essuie-glace ! Il y a un moucheron qui me gêne dans la tuyère. Les notes du crescendo sortent par les grandes artères. A l’heure de pointe Le grand saut, c’est quand même le top de l’adrénaline, pas vrai ? Pour moi, qui ai le vertige… ce n’est pas certain du tout. J’ai expérimenté l’adrénaline en goutte à goutte, ravitaillé en vol en direct cathéter : à un moment, une main habile a tourné un peu le tuyau pour rétablir le débit défaillant : et j’ai senti la machine qui s’emballait ; j’ajoute que je ne faisais pas trop le malin, que l’idée d’appuyer sur un bouton pour dire « ça va un peu vite » n’est pas si rassurante que cela. Savoir comment ralentir semble alors une bien meilleure idée ! Vivez donc des sensations fortes sur lit d’hôpital ! Je préfère le départ en surf sur les vagues, ou le décollage tranquille vent de face. Je ne dois pas encore être un drogué de l’adrénaline, malgré tous ces sports « à risques ». Justement, on aime bien y maîtriser la vitesse et le temps. Contrôle et tête froide. Il faut un bon pilote dans l’appareil. Pour faire chauffer la machine, il y a aussi l’iode. Un coup comme un flash qui vous fait le tour du corps en un instant, un genre de loop qui passe par les gros canaux sans oublier le petit bout tout seul ? Trop rapide pour être agréable, mais une sensation étrange de se retrouver transformé en cartographie de circulation des fluides. Il est passé par ici, il repassera par là. En fait, je préfère la nature un peu moins chimiquement transformée, tout en reconnaissant l’utilité des dosages forts en cas de nécessité. C’est bien marqué partout : abus dangereux Le grand saut ? Angor et angor ? Une fois suffit en général. Une impression plus ou moins fugitive… qui sait si je veux vraiment tout dire. Victimes du succès, imaginez un peu que les autoroutes s’engorgent dans la brume comme les gorilles. Un idiot du village passe, portant le sceau du roi d’une main, afin d’authentifier son récit, et tenant de l’autre un seau d’eau dans lequel il regarde un instant son visage, ce qui le fait trébucher maladroitement. Les trois – sot, sceau, seau – churent, et c’est ainsi que depuis j’ai des emplois à la petite semelle, en tant qu’enquêteur sur le sens de la vie. Obscur, n’est-il pas vrai ? L’aile est à l’ange ce que la cuisse est au poulet. Je vous laisse somnoler un peu. Les effets s’atténuent légèrement avec le temps : c’est ce qu’on dit je crois. Pascal Legrand Visiteurs : 460 Retour à l'accueil |