OS COURT 2008-06-16 OS COURT Il était une fois, une histoire pas très claire et loin du conte. Je vais essayer d’en être le narrateur. Les pièces du puzzle doivent s’emboîter comme les os du crâne. Ensuite il faut le retourner et lire la formule dans le crâne. Il manque un os sur 3, qui sont placés en triangle. Ce qui n’aide pas beaucoup. Le détective adjoint, c’est Monsieur Blanc. Il travaille à temps partiel. Son hobby consiste à broyer de la terre pour chercher à appliquer la formule qu’il n’a pas encore. Son chef est trop occupé en réunions, et il mène sa barque comme il l’entend, c’est-à-dire au bruit d’une chute d’eau ; l’important c’est la chute. L’homme qui a vu la formule, c’est André Mons. Il sait qu’elle existe. Il a loué un château pour s’imprégner de l’atmosphère de l’Histoire. Il a une bibliothèque avec des livres aux reliures de cuir ; il a vécu au Mexique, où il y a de nombreux crânes. Tout cela sent le grimoire et la poussière. C’est la raison pour la quelle le troisième personnage est la femme de ménage. Il n’y pas de princesse. Par contre, Alice est indispensable, car elle joue aussi le rôle de femme de chambre, occulte et discret. Elle nettoie les carreaux, elle efface sur les vitres les traces des mouches écrasées, et sur les sols, les empreintes des grosses chaussures de campagne qui ramènent de la terre même après être passées sur le racloir devant la porte du pays des merveilles. Monsieur Blanc se doute qu’Alice en sait plus qu’elle n’en dit, car elle ne dit pas grand-chose. De temps en temps, elle descend à la cave chercher du vin pour les convives installés sur une longue table. Ils ne sont jamais très nombreux car ces affaires sont confidentielles. Dans la bibliothèque d’André, les livres en vélin traitent de l’histoire de la traite, des esclaves, et de la révolte des culs noirs, qui ont failli être exterminés, mettant en péril l’équilibre et l’économie fragile de la région. C’est à cette époque et pendant ces troubles que la formule s’égare. Elle fut probablement dérobée par des Ersatz. Ils étaient mal vus à cause de leurs consonances étrangères. Ils furent chassés et pourchassés jusqu’au Péloponnèse et dans les Carpates On savait depuis longtemps qu’il fallait retrouver la formule, et que les traditions et les survivances des mythes nous mettraient sur la bonne voie. C’est ce qui explique que Monsieur Blanc broie de la terre, à la recherche de la vérité. C’est une obligation : il faut en mettre dans la pâte. La farine fait partie de l’âme. Certains préfèrent aujourd’hui le nom de poudre. De toute façon, on la broie, on la broie fort, et on la broie beaucoup. Le bruit des broyages couvre souvent celui de la chute du moulin. A la terre on ajoute des cendres d’os venues de Chine pour des raisons techniques dont le détail est sans importance. Il y a de nombreux chinois mais que c’est Monsieur Blanc qui fait tourner la roue du moulin. Il se dit « terraformer ». La roue est le symbole du destin, et l’eau celui de la vie, énergie qui passe sous le battement des pales de bois. Dédé a répandu de la poudre sur l’autel de la chapelle du château pour relever des empreintes. Evidement, Alice a cru que c’était de la poussière et elle l’a essuyée. Mais au final Dédé a quand même repéré non loin du calice le passage du gant coupé. Etait-ce la main de Dieu ? Amputé du gant ! se dit-il en silence dans sa tête, de crainte de ne pas être politiquement correct. « Nulle trace de sang. Pas de photophore, de porcelaine fêlée, ni d’émail tressaillant. Elle a filé comme un bas. Ça va de soi. Ainsi le coupable serait une femme. Et la formule pourrait y perdre ses os. Cela s’est déjà vu. En regardant la moulure de l’autel, on pouvait y voir une ligne brisée que les scientifiques appellent parfois une courbe, avec des X et des Y - « Il faut sortir de la tour » dit André - J’ai du mal à le voir en peinture, dit Blanc - La tour et le potier » dit Alice pensant au portrait de JK Rawlings dans TV Star Ils s’assirent au coin de la cheminée, pour discuter, tailler le bout de gras comme on dit chez nous, afin de faire avancer les choses, ou de les laisser se débrouiller.. c’est souvent aussi bien ainsi. Pourquoi cherchaient-ils cette formule ? Pourquoi étaient-ils tous trois réunis ? Ce dont ils étaient certains, c’est que la formule se cachait sous un crâne, et qu’il manquait un os. Mais lequel ? Le temporal, l’occipital, le trou mastoïdien ou l’arcade zygomatique ? A moins qu’il ne s’agisse d’un os surnuméraire dont la phrénologie montre l’existence ? Heureusement qu’un jour en faisant le ménage Alice a trouvé un feuillet tombé entre derrière les rayonnages de la bibliothèque. Monsieur Blanc pensait qu’il venait de quelque code gnostique d’origine apocryphe. Il était illustré d’un portait énigmatique de Marie-Madeleine. Comme c’est fréquemment le cas, elle est représentée tenant un crâne. Il paraîtrait que Magdal en hébreux veut dire tour, et que son père travaillait à Capharnaüm. Une tour, un crâne, un gant coupé. Dan Brown, qui d’ailleurs possède un château non loin d’ici, aurait pu en faire un livre. Mais pas Dédé Mons, ni Monsieur Blanc, car ils étaient trop obsédés par la formule. Farine, poudre, poussière et cendre d’os. En regardant de plus près le crâne, on distingue un endroit noir sur la reproduction. Peinture craquelée ou os manquant ? André y vit comme un trou noir. Monsieur Blanc se dit qu’il faudrait faire une représentation en trois dimensions à l’aide de son logiciel CAO-DAO, puis réaliser la pièce en découpant au laser. Mais sur quoi essayer de l’emboîter ensuite, et comment gommer les incertitudes ? Alice descendit chercher du Bordeaux. Je crois qu’ils se turent quelques longs instants. Le temps continua à passer, alors qu’il arrive qu’il s’arrête ou suspende son vol. surtout dans les enquêtes. Et finalement il s’enfuit. Les pierres restent, avec les écrits qui résonnent du haut des pupitres et des lutrins. Il en est des petits, qu’on appelle des nains de jardrin, et des très rapides, mais ceci est une autre histoire de cheminot et je ne veux pas emmêler les fils du récit car je sais que la pelote est déjà susceptible de vous occuper un certain temps. Je vois toujours mes trois amis de temps en temps, mais ils n’ont jamais voulu m’en dire plus. C’est pourquoi, même si c’est un peu frustrant, je dois m’arrêter là. Ou ici. Je ne sais pus très bien. Je ne sais pas s’ils parviendront à trouver. Pascal Legrand Visiteurs : 254 Retour à l'accueil |