EPOPEE A ST CLEMENT 2008-06-02




Rien n’a pu résister aux forces des envahisseurs.

Tels des cohortes teutonnes ou des hordes vikings, tels les éléphants d’Hannibal ou les légions de César, ils progressaient vers l’ouest, leurs fanions et leurs étendards claquant au vent.

On aurait cru une tribu en migration, des chenilles processionnaires, ou des fourmis carnivores dévorant les kilomètres sur leur passage. Etait-ce la faim ? Etait-ce le désir de fuir les marais putrides où se trouvait leur campement ? Ils allaient vers l’ouest inexorablement jusqu’à l’horizon, sur leurs fiers destriers aux crinières d’argent, chercher refuge, fortune ou trésor dans grottes et cavernes au pied de blanches falaises moussues.

Là-bas dans le lointain se trouve la grosse boule de Mouchot.
« Ne perdez pas la boule » leur dit le vieil ermite à la croisée des chemins. « Peut-être les sauvages guerriers Mytiles vous épargneront-ils… et plus loin, là-bas, se trouve le pays magique avec les géantes poules de Mickey, qui s’alignent comme les soldats chinois des tombes des empereurs Ming, Han et You Pi. Ne lachez pas le bon bout, c’est le chaud ».

Si vous perdez la trace, vous risquez le supplice de la roulette qui couine, les maillons écartelés sur la chaîne, les boyaux crevés étripés sur la chaussée et tous les malheurs de rustine et de la vertu réunis, tels qu’ils sont si bien décrits par le marquis de Sade.

Les traînards, les faibles, les penauds, les drogués du tabac et de la colle sont aspirés par la valve géante du Grand Roger Hoover, l’aspirateur balai, qui ne fume que des cigares Zochra. Ceux qui ressortent du tube ne sont plus qu’ humbles poussières, cafards et punaises rampantes devant les grands maîtres de la route qui parviennent par leurs propres moyens par delà les mamelons, jusqu’au bord de la falaise, sans sauter. Ils atteignent alors la vérité, car à la pointe St Clément, rien ne ment.
La table d’orientation est déjà dressée, le Vizir Ali Bahation fait apparaître une oasis au bord des rives de vase claire. De grands oiseaux tournent dans le ciel tout bleu à l’ouest, alors que les nuages se rapprochent à l’Est, portant leur message de pluie prochaine sur les steppes orientales, et de soupes au sang chaud dans les écuelles.

Au pied des fortifications des citadelles barbares périssent des braves, sous les coups des gargouilles impitoyables. Il y eut des sièges mémorables, où l’on incline volontiers à la sieste. Certains auraient même tenté de traverser l’océan, mais ce n’est que légende, ce peuple n’étant que peu habitué aux tempêtes.

Au cœur des dédales des marais, des corps épuisés étendus sur la grève reprenaient des forces dans des pâtés verts et des verres rouges. Les petits jaunes passèrent si vite que certains ne purent les attraper, et tout ceci fit un kaléidoscope de verdure gaie et multicolore de surcroît.

Cependant, il faut rester vigilant face au repos du guerrier à cause des poules du Manchot
La force était avec leurs chefs aux ultrasons étranges et avec les chauves souriant qui les ont guidés par delà les ponts et les dangers des eaux dormantes, vers les terres du repos, de la douche et du pot. La lumière est à droite en entrant. Et c’est toute la vision d’un peuple qui gagne quelques dixièmes, alors que chacun sait qu’avec l’âge le gps est de plus en plus difficile à lire.
Jedis et Yodas furent donc remerciés par tous et toutes, même ceux qui n’avaient rien compris aux histoires d’envahisseurs. La morale de l’histoire est que ceux qui purent se sont remis dans leurs charentaises, ceux qui puaient sont partis se laver, chacun méditant respectivement sur les mots, les choses, la vie quoi ( !)
Ou qu’est ce.




Pascal Legrand

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