PERFORMANCE EN AUNIS 2008-01-06

PERFORMANCE EN AUNIS

Si j’avais perdu la tête, je n’en serais aperçu, surtout si c’était la mienne. Par contre, à un moment, j’ai égaré quelques esprits, que j’ai retrouvés éparpillés.

C’était le choc. A la frontière de la Saintonge. Je suis content d’être là dans la plaine. Je n’ai plus à me demander à quoi ressemble l’autre coté de la montagne. Je n’ai plus à me fatiguer à monter.

N’allez pas croire que la plaine est plate et monotone. Il y a des ondulations, des bois, et des jardins zen. En passant le long d’une ferme isolée, un peu massive, j’ai cru voir un logis fortifié du Moyen Age. Avec un petit effort, je voyage dans le temps. Le château 18-19ème ne manque pas non plus comme point de déclenchement, mais c’est plus difficile à cause des costumes. Je passe en vélo, habillé comme un gueux ; alors forcément le Moyen-Âge, c’est plus facile. D’autant plus avec les odeurs d’épandage… je me fonds dans la nature.

Depuis hier, j’ai l’esprit libre. Il s’est mis au vert au milieu des champs. Pas de blé, pas de betteraves, j’ai juste croisé un tracteur et deux grand-mères en Twingo.
J’ai souri à leur enthousiasme. Elles m’ont applaudi je crois bien. J’ai fière allure sur mon destrier. Je suis sûr qu’elles ont vu un voyageur, un vaillant chevalier, un aventurier se risquant au milieu de nulle part : Nullarbor, à l’est de Kalgoorie, l’out back, le bush, l’oyat et l’alfa, des ocres dorés au loin, des gris ambrés dans les coins du cadre, là où il faut souvent éviter de tirer des bords car il s’y cache des baleines. Tous les bons tacticiens le savent : éviter les bords du cadre. C’est la leçon numéro un des facteurs de la performance.

Les autres sont tout aussi importantes ; car la charge des facrteurs a été répartie sur plusieurs piliers calculés au plus juste pour gagner en matière et main d’œuvre (recherche de la performance, là aussi). Donc, si un des piliers s’écroule, tout s’écroule en cascade, ou en domino. Je vous mets plusieurs images pour que tout le monde suive, même les cheminots sur leur rail, car pour eux, on voit bien qu’avec les aiguillages ce n’est pas toujours facile.

Donc, en numéro deux, qui ne veut rien dire pour les raisons ci-dessus mentionnées, la règle serait « ne pas faire le plafond ». Ce qui est interprété différemment selon le cas. « Ne pas ce mettre dans le rouge », logique si vous voulez vous mettre au vert. Le plafond est en haut. C’est fatiguant et long de monter, voila pourquoi il est inutile d’aller jusqu’en haut. On le dit bien aux enfants : on ne monte pas en haut. Il est plus intelligent de trouver le col. Certains sont faux, d’autres fragiles, mais le gain d’altitude mis de coté reste appréciable. Si vous saviez tous les mètres que j’ai mis de coté. Même à 20 cm de trottoir si vous les additionnez au bout d’un an, rendez vous compte de l’effort cardiaque économisé. De quoi fumer quelques cigares en plus. Ah, Ah, Ah !
Revenons y. Trop près du plafond, vous risquez de le crever. Fragile comme une couche d’ozone, mais surtout sujet à des phénomènes d’inversion (de températures) en cas de conditions anticycloniques. Là est le danger, car si le plafond s’inverse, vous vous retrouvez sur le plancher. C’est gênant et vexant d’être à nouveau en bas. Autant en profiter pour descendre volontairement.

Règle deux bis. Tout est dans la tête. Si vous avez la tête dans les nuages, et les pieds sur terre, c’est que vous êtes dans le brouillard. A éviter, car humidité et mauvaise visibilité. Mauvaises vibrations et glissements sémantiques. C’est risqué. Laissez le soleil percer la couche en espérant que le bébé n’a pas la diarrhée. De toute façon, ça réchauffe les mains ou les pieds. Restez zen. Méfiez vous des gaz de la terre. Choisissez plutôt de surfer des ondes positives, celles qui sont marquées d’un plus, et qui ont un fil noir (ne pas se mettre dans le rouge).

Observez les indices au sol. Il y a des points de déclanchement qui font que les neurones s’affolent. A l’approche d’une longue descente, je sens toujours l’accélération du temps qui se précise. C’est l’influence de la gravité. Je reste vigilant car il n’y a pas de chute sans gravité. Il faut bien admettre qu’on nous ment parfois. Des ossements sur le bord de la route, des fumeroles, des crucifies doivent vous inciter à la prudence. Mesurez votre effort, et s’il est trop long raccourcissez le un peu, sans le couper pour autant. Dans la pratique, un nœud fait l’affaire, mais pas n’importe où. Le nœud au ventre mène à l’ulcère. Prenez le nœud du problème et attachez vous à le résoudre. N’oubliez pas de vous hydrater régulièrement. Il faut boire. De l’eau. (Pas dans le rouge n°3).

L’eau et la spiritualité vont de paire. La rivière coule dans la plaine, ce qui prouve qu’il y a une pente. Donc un effort à faire, n’en déplaise aux détracteurs de la plaine, les Massey Fergusson de la critique facile. Dans la plaine, le clocher se voit de loin. L’église de village est un repère, une réponse à ceux qui, comme vous, s’interrogent : et Dieu dans tout cela ?

Je ne peux répondre à cette question. Sauf pour dire qu’il faut se méfier des gurus, et des moulins. Leurs ailes pourraient vous faire voler. Quant aux gurus, ils entraînent des querelles de clochers. Le bruit est alors déplaisant et je ne sais plus où aller. Sons de cloches. Aux abords des portails polylobés, les modillons grimaçants font surgir les monstres du passé. Attention à ne pas tourner en rond ou en bourrique du poitou. Je dois aller de l’avant, ne pas m’arrêter dans tous les cafés de village.

Que ce soit St Michel terrassant le Dragon, Sanson trucidant le Lion ou Sébastien grimpant la cote, les tableaux vivant de la route de St Jacques de Compostelle ne sont jamais bien loin. De même que la frontière entre l’Aunis et la Saintonge ; à l’est d’une ligne St Georges des Bois- St Germain de Marencennes, j’ai vu passer des vols de migrateurs. Et à l’ouest aussi. Suis-je dans le triangle, dans ma sphère, ou à l’intérieur du cercle ? Combien y a t il de diagonales ? Mon rayon cassé est-il de soleil, ou déformé par la réfraction du prisme des couleurs ?

Quand je m’arrête dans les bars, j’entends bien mes camarades (retraités parfois) qui racontent leurs peurs et leurs joies. Ambiance noir de chine et rouge de zinc.

- « J’allais vite sur une surface lisse comme un pet de cochon. Je n’ai pas eu le temps d’avoir peur avant. J’ai cru que j’allais me désintégrer, que mes membres allaient partir aux quatre coins cardinaux, voire même plus. La sonnette a sonné, le glas, comme c’est son rôle, car elle a un rôle son. Devant moi s’ouvrit d’un coup la mâchoire de requin du joint de dilatation, prête à refermer sur moi sa gueule de métal froid et poli comme le croque-mort. Et ce n’était pas un petit requin de lagon. Plutôt une terreur du goudron qui aurait avalé une marée noire en deux coups de cuillère appeau (celle qui tue les cormorans mazoutés). Pourtant, je ne chus point.. ;
Malgré ma petite roue de devant, je m’estime miraculé. Vous allez pouvoir me construire bientôt un mausolée pas trop posthume. Je jure encore une fois que je ne prendrais plus ce pont (« Martrou m’a tué »). Tu as l’impression d’être une fourmi dans une machine à laver poursuivie par des dinosaures.
- C’est y pas un peu freudien tout cela ? La terre qui s’ouvre devant toi, cette plongée manquée dans le grand trou noir, et patati et patata ?
- Et la queue du requin, baleine ou marteau ? Tu veux voir si c’est de la peau de requin, ou du goudron rugueux ? Ou de la dent rétractable ?
- Enfin bref, tu as franchi le gouffre avec la légèreté du ptérodactyle moyen.
- Pour un peu, il aurait fallu que je me fasse réopérer des amygdales…
- Ça traumatise, c’est sûr, de quitter la piste cyclable !
- Descente vertigineuse, la peur de la chute originelle.
- Je te disais bien qu’il ne te fallait pas de montagne, sauf peut-être des russes blondes à forte poitrine.
- « Camarades » il faut reprendre la voie, le chemin, la quête, enfin de parvenir à la sacristie avant le couché du soleil. »

Il est évident que la route de campagne tranquille s’ouvre sur des horizons variés. Une fois libéré, l’esprit retrouve les jambes de sa jeunesse et chausse ses bottes de sept lieux. Comme nous l’avons vu cela ne se fait pas sans certaines règles qu’il est parfois bon de rappeler et de mettre sur papier. C’est ce que je m’efforce de faire à l’occasion : un peu de systématisation et de rationalisme ne peut pas nuire au progrès et à l’amélioration de la performance.
Et maintenant que tout est clair il ne me reste plus qu’à vous souhaiter bonne route.


Pascal Legrand

Visiteurs : 608

Retour à l'accueil